Le 27 septembre, les Catalans ont donné à leurs représentants élus un mandat démocratique
clair pour entamer un processus politique responsable et négocié qui aboutira à la création d’un
État indépendant pour la Catalogne. Les résultats de cette élection historique sont clairs : avec
une participation record de 77,5 % des électeurs, les deux listes qui sont explicitement en faveur
de l’indépendance ont remporté 72 sièges sur 135 et près de 48 % des suffrages. Les partis
politiques qui sont explicitement contre l’indépendance ont reçu 39 % des suffrages. Les 11 %
restants se sont répartis entre deux partis qui sont en faveur de l’autodétermination de la
Catalogne, sans toutefois confirmer qu’ils appelleront leurs représentants à voter en faveur du
« oui » ou du « non » si un référendum d’autodétermination a lieu. La victoire du « oui » est par
conséquent indiscutable. De plus, elle est remarquable, compte tenu de la campagne de peur
conduite par le gouvernement espagnol dans le but d’influencer le résultat du scrutin.
La victoire en faveur de l’indépendance est claire est sans équivoque, bien que le gouvernement
espagnol ait suggéré que les partisans de l’indépendance avaient perdu. On peut s’étonner que
le gouvernement espagnol, qui a empêché la tenue d’un référendum formel comme cela s’est fait
en Écosse ou au Québec, interprète à présent les résultats de l’élection comme s’il s’agissait
d’un référendum. Si le gouvernement espagnol souhaite compter les votes, cela peut être fait très
simplement : le Président espagnol Mariano Rajoy n’a qu’à suivre l’exemple de David Cameron,
qu’il admire tant, et autoriser l’organisation d’un référendum légal. Tant que cela n’est pas
possible, nous continuerons sur notre voie actuelle. En tant que démocrates, nous nous devons
d’honorer le mandat électoral qui nous a été accordé.
Partenaire fiable
Qu’en est-il donc pour l’avenir ? Tout d’abord, le Parlement de Catalogne nouvellement élu fera
une déclaration solennelle pour marquer le début d’un processus politique qui se conclura par
l’indépendance. Cette déclaration sera envoyée aux institutions espagnoles, européennes et
internationales pour annoncer que la transition vers un État indépendant a commencé, et que les
négociations à cette fin vont débuter . Nous ne souhaitons pas entreprendre ce processus seuls,
mais préférons au contraire le faire main dans la main avec nos voisins et alliés, afin d’assurer une transition progressive et sans heurts.
La feuille de route que nous avons dressée établit un calendrier de transition sur environ 18
mois, au cours desquels le gouvernement de Catalogne concevra et construira les structures
nationales nécessaires pour que la Catalogne puisse fonctionner en tant qu’État. La future
République catalane sera semblable à l’Autriche et au Danemark en termes de taille, de
population et de PIB. Elle constituera un partenaire fiable et responsable pour construire une
Europe plus solide, plus unie et plus sûre. Le mouvement national catalan a toujours été
profondément attaché au projet européen. Nous sommes également de fervents défenseurs du
marché libre, et notre économie est déjà intégrée dans celles de l’UE et de la zone euro.
Avec le résultat des élections, nous avons reçu un mandat solennel de la part du peuple catalan,
que nous mettrons en œuvre au cours des semaines et mois à venir . Au cours de cette période
de transition, nous agirons avec la plus grande transparence et sous le regard des institutions de
l’Union européenne . Par ailleurs, bien que le gouvernement espagnol soit jusqu’à présent resté
intransigeant sur la question de l’indépendance catalane, il est clair qu’une transition sans
dialogue n’est souhaitable pour personne. Par conséquent, nous sommes convaincus qu’en
dialoguant de façon productive avec les institutions concernées en Espagne , en Europe et
ailleurs, nous pourrons obtenir un résultat négocié positif qui profitera à toutes les parties.
Source: Le Monde, 29.10.2015
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